Chapitre 1 🔗
PROLOGUE EN PROSE
LES ÉPREUVES DE JOB
Le plus sage des Orientaux
1Il y avait, au pays de Ouç, un homme du nom de Job. Il était, cet homme, intègre et droit, craignait Dieu et s’écartait du mal. 2. Sept fils et trois filles lui étaient nés. 3. Il possédait sept mille moutons, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, cinq cents ânesses et une très nombreuse domesticité. Cet homme était le plus grand de tous les fils de l’Orient.
4Or ses fils allaient festoyer les uns chez les autres à tour de rôle et ils conviaient leurs trois sœurs à manger et à boire. 5. Lorsqu’un cycle de ces festins était achevé, Job les faisait venir pour les purifier. Levé dès l’aube, il offrait un holocauste pour chacun d’eux, car il se disait : « Peut-être mes fils ont-ils péché et maudit Dieu dans leur cœur ! » Ainsi faisait Job, chaque fois.
La cour céleste
6Le jour advint où les Fils de Dieu se rendaient à l’audience du Seigneur. L’Adversaire vint aussi parmi eux. 7. Le Seigneur dit à l’Adversaire : « D’où viens-tu ? » – « De parcourir la terre, répondit-il, et d’y rôder. » 9. Mais l’Adversaire répliqua au Seigneur : « Est-ce pour rien que Job craint Dieu ? 10. Ne l’as-tu pas protégé d’un enclos, lui, sa maison et tout ce qu’il possède ? Tu as béni ses entreprises, et ses troupeaux pullulent dans le pays. 11. Mais veuille étendre ta main et touche à tout ce qu’il possède. Je parie qu’il te maudira en face ! » 12. Alors le Seigneur dit à l’Adversaire : « Soit ! Tous ses biens sont en ton pouvoir. Evite seulement de porter la main sur lui. » Et l’Adversaire se retira de la présence du Seigneur.
Les premiers malheurs
13Le jour advint où ses fils et ses filles étaient en train de manger et de boire du vin chez leur frère aîné. 14. Un messager arriva auprès de Job et dit : « Les bœufs étaient à labourer et les ânesses paissaient auprès d’eux. 15. Un rezzou de Sabéens les a enlevés en massacrant tes serviteurs. Seul j’en ai réchappé pour te l’annoncer. » 16. Il parlait encore quand un autre survint qui disait : « Un feu de Dieu est tombé du ciel, brûlant moutons et serviteurs. Il les a consumés, et seul j’en ai réchappé pour te l’annoncer. » 17. Il parlait encore quand un autre survint qui disait : « Des Chaldéens formant trois bandes se sont jetés sur les chameaux et les ont enlevés en massacrant tes serviteurs. Seul j’en ai réchappé pour te l’annoncer. » 18. Il parlait encore quand un autre survint qui disait : « Tes fils et tes filles étaient en train de manger et de boire du vin chez leur frère aîné 19. lorsqu’un grand vent venu d’au-delà du désert a frappé les quatre coins de la maison. Elle est tombée sur les jeunes gens. Ils sont morts. Seul j’en ai réchappé pour te l’annoncer. »
20Alors Job se leva. Il déchira son manteau et se rasa la tête. Puis il se jeta à terre, adora 21. et dit :
nu j’y retournerai.
Le Seigneur a donné, le Seigneur a ôté :
Que le nom du Seigneur soit béni ! »
22En tout cela, Job ne pécha pas. Il n’imputa rien d’indigne à Dieu.
Chapitre 2 🔗
La cour céleste
1Le jour advint où les Fils de Dieu se rendaient à l’audience du Seigneur. L’Adversaire vint aussi parmi eux à l’audience du Seigneur. 2. Le Seigneur dit à l’Adversaire : « D’où est-ce que tu viens ? » – « De parcourir la terre, répondit-il, et d’y rôder. » 3. Et le Seigneur lui demanda : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’a pas son pareil sur terre. C’est un homme intègre et droit qui craint Dieu et se garde du mal. Il persiste dans son intégrité, et c’est bien en vain que tu m’as incité à l’engloutir. » 4. Mais l’Adversaire répliqua au Seigneur : « Peau pour peau ! Tout ce qu’un homme possède, il le donne pour sa vie. 5. Mais veuille étendre ta main, touche à ses os et à sa chair. Je parie qu’il te maudira en face ! » 6. Alors le Seigneur dit à l’Adversaire : « Soit ! Il est en ton pouvoir ; respecte seulement sa vie. »
Les nouveaux malheurs
7Et l’Adversaire, quittant la présence du Seigneur, frappa Job d’une lèpre maligne depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête. 8. Alors Job prit un tesson pour se gratter et il s’installa parmi les cendres. 9. Sa femme lui dit : « Vas-tu persister dans ton intégrité ? Maudis Dieu, et meurs ! » 10. Il lui dit : « Tu parles comme une folle. Nous acceptons le bonheur comme un don de Dieu. Et le malheur, pourquoi ne l’accepterions-nous pas aussi ? » En tout cela, Job ne pécha point par ses lèvres.
Arrivée des trois amis
11Les trois amis de Job apprirent tout ce malheur qui lui était advenu et ils arrivèrent chacun de son pays, Elifaz de Témân, Bildad de Shouah et Çofar de Naama. Ils convinrent d’aller le plaindre et le consoler. 12. Levant leurs yeux de loin, ils ne le reconnurent pas. Ils pleurèrent alors à grands cris. Chacun déchira son manteau, et ils jetèrent en l’air de la poussière qui retomba sur leur tête. 13. Ils restèrent assis à terre avec lui pendant sept jours et sept nuits. Aucun ne lui disait mot, car ils avaient vu combien grande était sa douleur.
Chapitre 3 🔗
1Enfin, Job ouvrit la bouche et maudit son jour.
DIALOGUE ENTRE JOB ET SES AMIS
PREMIER POÈME DE JOB
2Job prit la parole et dit :
Malédiction du jour de naissance
et la nuit qui a dit : « Un homme a été conçu ! »
que, de là -haut, Dieu ne le convoque pas,
que ne resplendisse sur lui nulle clarté ;
que sur lui demeure une nuée,
que le terrifient les éclipses !
qu’elle ne se joigne pas à la ronde des jours de l’année,
qu’elle n’entre pas dans le compte des mois !
que nul cri de joie ne la pénètre ;
ceux qui sont experts à éveiller le Tortueux ;
qu’elle espère la lumière – et rien !
Qu’elle ne voie pas les pupilles de l’aurore !
ce qui eût dérobé la peine à mes yeux.
Attraction du néant
A peine sorti du ventre, j’aurais expiré.
pourquoi avais-je deux mamelles à téter ?
endormi, je jouirais alors du repos,
ceux qui rebâtissent pour eux des ruines,
ceux qui gorgent d’argent leurs demeures,
comme les enfants qui ne virent pas la lumière.
là , trouvent repos les forces épuisées.
ils n’entendent plus la voix du garde-chiourme.
et l’esclave y est affranchi de son maître.
Valeur de l’existence
et la vie aux ulcérés ?
ils fouillent à sa recherche plus que pour des trésors.
ils seraient en liesse s’ils trouvaient un tombeau.
Et c’est lui que Dieu protégeait d’un enclos !
ils déferlent comme l’eau, mes rugissements.
et ce que je redoutais m’arrive.
C’est le tourment qui vient.
Chapitre 4 🔗
PREMIER POÈME D’ÉLIFAZ
1Alors Elifaz de Témân prit la parole et dit :
Piété et bien-être
Mais qui peut contraindre ses paroles ?
tu savais rendre vigueur aux mains lasses.
tu affermissais les genoux qui ploient.
Te voici atteint, c’est l’affolement.
tes espérances fondaient-elles seules ta bonne conduite ?
Semeurs de misère
où vit-on des hommes droits disparaître ?
et les semeurs de misère en font eux-mêmes la moisson.
au souffle de sa narine ils se consument.
les dents des lionceaux mordent à vide.
les petits de la lionne se débandent.
Vision nocturne
mon oreille en a saisi le murmure.
quand une torpeur écrase les humains,
et fit cliqueter tous mes os :
hérissait le poil de ma chair.
Le spectre restait devant mes yeux.
Un silence, puis j’entendis une voix :
l’homme serait-il plus pur que son auteur ?
en ses anges même il trouve de la folie.
ceux qui se fondent sur la poussière !
On les écrase comme une teigne.
Sans qu’on y prenne garde, ils périront à jamais.
Ils mourront, faute de sagesse. »
Chapitre 5 🔗
Origine du mal
Auquel des saints t’en prendras-tu ?
et le naïf, la jalousie le tue.
mais j’ai soudain maudit sa demeure :
qu’ils soient écrasés au tribunal sans que nul n’intervienne,
qu’on s’en saisisse malgré les haies d’épines
et que les assoiffés engouffrent son patrimoine ! »
et la misère ne germe pas du sol.
et l’étincelle pour prendre son essor.
Appel à Dieu
c’est à Dieu que j’exposerais ma cause.
dont les merveilles épuisent les nombres,
qui fait ruisseler le visage des champs,
et pour que les assombris se dressent, sauvés.
Pour leurs mains point de réussite.
et qui devance les desseins des fourbes.
à midi ils tâtonnent comme de nuit.
de leur serre puissante, le pauvre.
et l’infamie s’est trouvée muselée.
Promesse du renouveau
Ne dédaigne donc pas la semonce de Shaddaï.
lui dont les mains, en brisant, guérissent.
et à la septième, le mal ne t’atteindra plus.
et en plein combat au pouvoir de l’épée.
rien à craindre d’un désastre à venir.
et des bêtes sauvages, n’aie pas peur !
et l’on t’a concilié les fauves de la steppe.
inspectant tes pâtures, tu n’y trouveras rien en défaut.
et que tes rejetons sont comme la verdure de la terre.
comme on dresse un gerbier en son temps.
écoute et fais-en ton profit.
Chapitre 6 🔗
DEUXIÈME POÈME DE JOB
1Alors Job prit la parole et dit :
Les flèches de Shaddaï
si l’on amassait ma détresse sur une balance !
C’est pourquoi mes paroles s’étranglent.
et mon souffle en aspire le venin.
Les effrois de Dieu s’alignent contre moi.
le bœuf à meugler sur son fourrage ?
et y a-t-il du goût à la bave du pourpier ?
ce sont vivres immondes.
Consolations de néant
que Dieu me donne ce que j’espère ?
qu’il dégage sa main et me rompe !
un sursaut de joie dans la torture implacable :
je n’aurai mis en oubli aucune des sentences du Saint.
Quelle est ma fin pour persister à vivre ?
ma chair est-elle de bronze ?
Toute ressource m’a-t-elle échappé ?
Le néant de l’amitié
sinon, il abandonnera la crainte de Shaddaï.
comme le lit des torrents qui s’enfuient.
quand au-dessus d’eux fondaient les neiges.
à l’ardeur de l’été ils s’éteignent sur place.
elles montent vers les solitudes et se perdent.
les convois de Saba espéraient en eux.
quand on y arrive, on est confondu.
A la vue du désastre, vous avez pris peur.
Paroles d’un désespéré
De votre fortune soyez prodigues en ma faveur
me racheter de la main des tyrans » ?
En quoi ai-je failli ? Montrez-le-moi !
D’ailleurs, une critique venant de vous, que critique-t-elle ?
Les paroles du désespéré s’adressent au vent.
à mettre en vente votre ami.
vous mentirais-je en face ?
Encore une fois, revenez ! Ma justice est en cause.
Mon palais ne sait-il pas discerner la détresse ?
Chapitre 7 🔗
Temps de corvée
et comme jours de saisonnier que passent ses jours ?
et comme un saisonnier attend sa paye,
et l’on m’a assigné des nuits harassantes :
Le soir n’en finit pas,
et je me saoule de délires jusqu’à l’aube.
ma peau se crevasse et suppure.
ils ont cessé, à bout de fil.
et que mon œil ne reverra plus le bonheur.
Tes yeux seront sur moi, et j’aurai cessé d’être.
Fasciné par la mort
voilà celui qui descend aux enfers pour n’en plus remonter !
son foyer n’aura plus à le reconnaître.
le souffle haletant, je parlerai ;
le cœur aigre, je me plaindrai :
que tu postes une garde contre moi ?
ma couche apaisera ma plainte »,
et par des visions tu m’épouvantes.
La mort plutôt que ma carcasse !
Echec de Dieu
Laisse-moi, car mes jours s’exhalent.
pour fixer sur lui ton attention
de le tester à tout instant ?
Me laisseras-tu avaler ma salive ?
espion de l’homme ?
Pourquoi m’avoir pris pour cible ?
En quoi te suis-je à charge ?
laisser passer ma faute ?
Car déjà me voici gisant en poussière.
Tu me chercheras à tâtons : j’aurai cessé d’être.
Chapitre 8 🔗
PREMIER POÈME DE BILDAD
1Alors Bildad de Shouah prit la parole et dit :
Justice de Shaddaï
en des paroles qui soufflent la tempête ?
Shaddaï fausse-t-il la justice ?
il les a livrés au pouvoir de leur crime.
si tu supplies Shaddaï,
alors, il veillera sur toi
et te restaurera dans ta justice.
à côté de ton avenir florissant.
Témoignage des anciens
sois attentif à l’expérience de leurs ancêtres.
car nos jours ne sont qu’une ombre sur la terre.
et de leurs mémoires ils tireront ces sentences :
le roseau peut-il croître sans eau ?
avant toute herbe il se dessèche. »
Destin de l’impie
l’espoir de l’impie périra,
car son assurance n’est que toile d’araignée.
S’y cramponne-t-il, elle ne résiste pas.
au-dessus du jardin il étend ses rameaux.
il explore les creux des rocs.
celle-ci le renie : « Je ne t’ai jamais vu ! »
et de cette poussière un autre germera.
Promesses de bonheur
ni ne prête main-forte aux malfaiteurs.
et tes lèvres de hourras.
et les tentes des méchants ne seront plus.
Chapitre 9 🔗
TROISIÈME POÈME DE JOB
1Alors Job prit la parole et dit :
Arbitraire divin
Comment l’homme sera-t-il juste contre Dieu ?
à mille mots il ne réplique pas d’un seul.
qui l’a bravé et resta indemne ?
qui les culbute en sa colère,
et ses colonnes chancellent.
il met les étoiles sous scellés.
et foule les houles des mers.
et les Pléiades et les Cellules du Sud.
ses merveilles épuisent les nombres.
il s’en va, je n’y comprends rien.
qui lui dira : que fais-tu ?
sous lui sont prostrés les alliés du Typhon.
La raison du plus fort
me munirais-je de paroles contre lui ?
C’est mon accusateur qu’il me faut implorer.
je ne croirais pas qu’il ait écouté ma voix.
et multiplie sans raison mes blessures,
mais il me sature de fiel.
Faire appel au droit ? Qui m’assignera ?
innocent, elle me prouverait pervers.
Vivre me répugne.
l’innocent, comme le scélérat, il l’anéantit.
de la détresse des hommes intègres il se gausse.
il voile la face de ses juges ;
si ce n’est lui, qui est-ce donc ?
Inhumanité de Dieu
ils ont fui sans avoir vu le bonheur.
comme un aigle fond sur sa proie.
déride ton visage, sois gai,
je le sais : tu ne m’acquitteras pas.
Pourquoi me fatiguer en vain ?
que je décape mes mains à la soude,
et mes vêtements me vomiront.
et qu’ensemble nous comparaissions en justice.
pour poser sa main sur nous deux,
et sa terreur ne m’épouvanterait plus.
Puisque cela n’est pas, je suis seul avec moi.
Chapitre 10 🔗
Mépris de la créature
je ne retiendrai plus mes plaintes ;
d’un cœur aigre je parlerai.
fais-moi connaître tes griefs contre moi.
à mépriser la peine de tes mains
et à favoriser les intrigues des méchants ?
serait-ce à vue d’homme que tu vois ?
et tes années sont-elles celles d’un humain
et que tu enquêtes sur mon péché,
et que nul ne me délivrera de ta main ?
ensemble, elles m’avaient façonné de toutes parts, et tu m’as englouti.
et c’est à la poussière que tu me ramènes.
puis fait cailler comme du fromage ?
d’os et de nerfs tu m’as tissé.
et ta sollicitude a préservé mon souffle.
Le tigre en chasse
c’est cela, je le sais, que tu tramais :
et ne me passer aucune faute.
Et tu répètes contre moi tes exploits,
tu redoubles de colère envers moi,
des armées se relayent contre moi.
J’aurais expiré. Aucun œil ne m’aurait vu.
du ventre à la tombe on m’eût porté.
qu’il me lâche, que je m’amuse un peu,
au pays de ténèbre et d’ombre de mort,
où l’ombre de mort couvre le désordre,
et la clarté y est nuit noire.
Chapitre 11 🔗
PREMIER POÈME DE ÇOFAR
1Alors Çofar de Naama prit la parole et dit :
Crimes de Job
L’homme éloquent aura-t-il raison ?
tu railles sans qu’on te fasse honte.
et je suis pur à tes yeux ! »
s’il desserrait les lèvres pour te parler,
– car ils déroutent l’entendement –
alors tu saurais que Dieu oublie une part de tes crimes.
Justice de Dieu
sonder la perfection de Shaddaï ?
Plus creuse que les enfers – qu’en sauras-tu ?
et plus large que la mer.
et convoque le tribunal, qui fera opposition ?
il discerne les méfaits sans effort d’attention ;
et que tout homme, à sa naissance, n’est qu’un ânon sauvage.
Vie nouvelle
quand tu étendras vers lui les paumes de tes mains,
et que la perversité n’habite pas sous ta tente.
purifié des scories, tu ne craindras plus.
tu t’en souviendras comme d’une eau écoulée.
l’obscurité deviendra une aurore.
même si tu as perdu la face, tu dormiras en paix.
et beaucoup te caresseront le visage.
et tout refuge leur fait défaut.
Leur espérance, c’est de rendre l’âme.
Chapitre 12 🔗
QUATRIÈME POÈME DE JOB
1Alors Job prit la parole et dit :
Témoignage de l’expérience
et avec vous mourra la sagesse.
je ne suis pas plus déchu que vous.
Qui ne dispose d’arguments semblables ?
moi qui m’époumone vers ce Dieu qui jadis répondait.
La risée des hommes, c’est le juste, le parfait.
celle qu’ils destinent à ceux dont le pied glisse.
ils sont tranquilles, ceux qui provoquent Dieu,
et même celui qui capte Dieu dans sa main.
les oiseaux du ciel, ils t’enseigneront.
et les poissons de la mer te le raconteront.
que « c’est la main du Seigneur qui fit cela ».
et le souffle de toute chair d’homme.
comme le palais goûte les mets ;
l’intelligence siérait au grand âge. »
conseil et intelligence sont à lui.
Le divin destructeur
l’homme qu’il enferme ne sera pas libéré.
s’il les déchaîne, elles ravagent la terre.
l’homme égaré et celui qui l’égare sont à lui.
et frappe les juges de démence.
et noue un pagne à leurs reins.
et renverse les inamovibles.
et ravit le discernement aux vieillards.
et desserre le baudrier des tyrans.
et expose à la lumière l’ombre de mort.
il laisse s’étendre les nations, puis les déporte.
et les égare dans un chaos sans issue.
et Dieu les égare comme des ivrognes.
Chapitre 13 🔗
Plâtriers de mensonge
mon oreille l’a entendu et compris.
Je ne suis pas plus déchu que vous.
c’est contre Dieu que je veux me défendre.
vous n’êtes tous que des guérisseurs de néant.
Cela vous servirait de sagesse.
au plaidoyer de mes lèvres, prêtez l’oreille.
en sa faveur que vous débitez des tromperies ?
est-ce pour Dieu que vous plaidez ?
Vous joueriez-vous de lui comme on se joue d’un homme ?
d’avoir pris parti en secret !
sa terreur ne s’abat-elle pas sur vous ?
vos retranchements sont devenus d’argile.
quoi qu’il m’advienne.
et risquerai-je mon va-tout.
Pourtant, je défendrai ma conduite devant lui.
car nul hypocrite n’accède en sa présence.
que mon explication entre en vos oreilles.
je sais que c’est moi qui serai justifié !
Car déjà j’en suis à me taire et à expirer.
Requête au Dieu caché
et je cesserai de me cacher devant toi.
Ne m’épouvante plus par ta terreur.
ou bien si je parle, réponds-moi.
Ma révolte et ma faute, fais-les-moi connaître.
et me prends-tu pour ton ennemi ?
pourchasser une paille sèche,
en m’imputant les crimes de ma jeunesse,
et que tu épies toutes mes démarches
en scrutant les empreintes de mes pas ?
comme un vêtement mangé des mites.
Chapitre 14 🔗
L’irrévocabilité de la mort
est bref de jours et gorgé de tracas.
cela fuit comme l’ombre et ne dure pas.
et c’est moi que tu cites avec toi en procès !
Personne.
que tu as établi le compte de ses mois
et posé un terme qu’il ne peut franchir,
et jouisse comme un saisonnier de son congé.
on le coupe, il reprend encore
et ne cesse de surgeonner.
que sa souche soit morte dans la poussière,
et se fait une ramure comme un jeune plant.
Quand l’homme expire, où donc est-il ?
le fleuve tari aura séché,
Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cieux, ils ne s’éveilleront pas
et ne surgiront pas de leur sommeil.
si tu m’abritais jusqu’à ce que reflue ta colère,
si tu me fixais un terme où te souvenir de moi...
tout le temps de ma corvée, j’attendrais,
jusqu’à ce que vienne pour moi la relève.
tu pâlirais pour l’œuvre de tes mains.
tu ne prendrais pas garde à ma faute.
et tu aurais maquillé mon crime.
un roc émigre de son lieu ;
son ruissellement ravine la terre friable,
l’espérance de l’homme aussi tu l’as ruinée.
l’ayant défiguré, tu le chasses.
sont-ils avilis, il l’ignore.
pour lui seul son cœur s’endeuille.
Chapitre 15 🔗
DEUXIÈME POÈME D’ÉLIFAZ
1Alors Elifaz de Témân prit la parole et dit :
Impureté de l’homme
de s’enfler le ventre de sirocco,
avec des discours qui ne servent à rien ?
et tu ruines la méditation devant Dieu.
et que tu adoptes le langage des fourbes,
tes propres lèvres témoignent contre toi.
as-tu été enfanté avant les collines ?
pour y accaparer la sagesse ?
Qu’as-tu compris qui ne nous soit familier ?
et l’autre plus chargé d’ans que ne le serait ton père.
et les paroles si modérées que nous t’adressons ?
et pourquoi ces yeux qui clignent,
et que ta bouche pérore ?
celui qui est né de la femme, pour se dire juste ?
et les cieux ne sont pas purs à ses yeux.
l’homme qui boit la perfidie comme de l’eau !
Destinée de l’impie
Ce que j’ai contemplé, je le rapporterai,
relatent comme reçu de leurs ancêtres,
quand aucun étranger ne s’était infiltré parmi eux.
Quel que soit le nombre des ans réservés au tyran,
En pleine paix le démolisseur ne va-t-il pas l’attaquer ?
lui que guette le glaive.
Il sait que le sort qui l’attend, c’est le jour des ténèbres.
elles se ruent sur lui comme un roi prêt à l’assaut.
et qu’il a bravé Shaddaï.
sous le dos blindé de ses boucliers.
et le lard a alourdi ses reins.
des maisons qui n’étaient plus habitables
et qui croulaient en éboulis.
son succès ne s’étalera plus sur la terre.
une flamme desséchera ses rameaux
et il fuira sa propre haleine.
car la duperie sera son salaire.
et sa ramure ne reverdira plus.
et perdra, comme un olivier, sa floraison.
et un feu dévore les tentes de l’homme vénal.
et son ventre mûrit la déception.
Chapitre 16 🔗
CINQUIÈME POÈME DE JOB
1Et Job prit la parole et dit :
Piètres consolateurs
en fait de consolateurs, vous êtes tous désolants.
Et « Qu’est-ce qui te contraint à répondre encore ? »
si c’était vous qui teniez ma place.
Je composerais contre vous des discours
et je hocherais la tête contre vous.
et l’agilité de mes lèvres serait un calmant.
La cible de Dieu
et si je me tais me quittera-t-elle ?
Oui, tu as ravagé tout mon entourage,
ma maigreur m’accuse et me charge.
contre moi il grince des dents,
mon ennemi darde sur moi ses regards.
on me gifle d’insultes,
on s’ameute contre moi.
il m’a jeté en proie à des crapules.
Il m’a saisi par la nuque et disloqué,
puis m’a dressé pour cible.
Il transperce mes reins sans pitié
et répand à terre mon fiel.
fonce sur moi, tel un guerrier.
et enfoncé mon front dans la poussière.
et sur mes paupières est l’ombre de mort.
et ma prière était pure.
Le témoin du crime
et que ma clameur ne trouve point de refuge.
je possède en haut lieu un garant.
mais c’est vers Dieu que pleurent mes yeux.
comme un humain intervient pour un autre.
et je m’engage sur le chemin sans retour.
Chapitre 17 🔗
Leurs insolences obsèdent mes veilles.
Qui consentirait à toper dans ma main ?
aussi, tu ne toléreras pas qu’ils triomphent.
alors que languissent les yeux de ses fils.
La fable des peuples
Je serai un lieu commun de l’épouvante.
et tous mes membres ne sont qu’une ombre.
et l’homme intègre s’indignera contre l’hypocrite.
et que l’homme aux mains pures redouble d’efforts !
Parmi vous je ne trouverai pas un sage.
l’apanage de mon désir.
ils disent que la lumière est proche, quand tombe la ténèbre.
De ténèbres j’ai capitonné ma couche.
A la vermine : « O ma mère, ô ma sœur ! »
Mon espérance, qui l’entrevoit ?
quand ensemble nous reposerons dans la poussière.
Chapitre 18 🔗
DEUXIÈME POÈME DE BILDAD
1Alors Bildad de Shouah prit la parole et dit :
Réfléchissez, et ensuite nous prendrons la parole.
Pourquoi passerions-nous pour bornés à vos yeux ?
faut-il qu’à cause de toi la terre devienne déserte
et que le roc émigre de son lieu ?
Mort du méchant
et la flamme de son foyer va cesser de briller.
et sa lampe au-dessus de lui va s’éteindre.
et il trébuchera dans ses propres intrigues,
et il chemine sur des mailles.
un lacet s’emparera de lui.
une trappe sur son chemin.
elles le suivent pas à pas.
La misère se tient à son côté,
et le premier-né de la mort dévorera ses membres.
et tu pourras le mener vers le roi des terreurs.
on répandra du soufre sur son domaine.
en haut, sa ramure sera coupée.
son nom ne figure plus au cadastre.
on le bannit de l’univers.
aucun survivant dans sa demeure.
l’Orient en est saisi d’horreur :
le voilà , ce lieu où l’on ignorait Dieu ! »
Chapitre 19 🔗
SIXIÈME POÈME DE JOB
1Et Job prit la parole et dit :
Viol du droit
et me broierez-vous avec des mots ?
N’avez-vous pas honte de me torturer ?
mon erreur ne regarderait que moi.
en me reprochant ce dont j’ai honte,
et m’a enveloppé dans son filet.
Découronnement
si je fais appel, pas de justice.
et sur mes sentiers, il met des ténèbres.
il a ôté la couronne de ma tête.
il a arraché l’arbre de mon espoir.
il m’a traité en ennemi.
elles se fraient un accès jusqu’à moi
et mettent le siège autour de ma tente.
Excommunication
ceux qui me connaissent se veulent étrangers.
mes familiers m’ont oublié.
je suis devenu un intrus à leurs yeux.
quand de ma bouche je l’implore.
et je dégoûte les fils de mes entrailles.
quand je me lève, ils jasent sur moi.
même ceux que j’aime se sont tournés contre moi.
et je m’en suis tiré avec la peau de mes dents.
Inscription séculaire
car la main de Dieu m’a touché.
Seriez-vous insatiables de ma chair ?
si on les gravait en une inscription !
si pour toujours dans le roc elles restaient incisées !
Le rédempteur vivant
que le dernier, il surgira sur la poussière.
c’est bien dans ma chair que je contemplerai Dieu.
Mes yeux le verront, lui, et il ne sera pas étranger.
Mon cœur en brûle au fond de moi.
afin de trouver contre lui prétexte à procès ? »
car l’acharnement est passible du glaive.
Ainsi vous saurez qu’il existe un jugement.
Chapitre 20 🔗
DEUXIÈME POÈME DE ÇOFAR
1Alors Çofar de Naama prit la parole et dit :
Réplique de la raison
et cette impatience qui me prend :
mais ma raison me souffle la réplique.
L’extinction du méchant
depuis que l’homme a été mis sur terre,
la joie de l’impie n’a duré qu’un instant ?
et sa tête toucherait aux nues,
ceux qui le voyaient diront : Où est-il ?
quand il est mis en fuite comme une vision de la nuit ?
même sa demeure l’aura perdu de vue.
ses propres mains restitueront son avoir.
mais elle couchera avec lui dans la poussière.
qu’il l’abrite sous sa langue,
et le retient encore sous son palais,
et y devient un venin d’aspic.
à son ventre, Dieu la fera rejeter.
la langue de la vipère le tuera.
les fleuves, les torrents de miel et de crème.
quoi que lui aient rapporté ses échanges, il n’en jouira pas.
qu’il a volé une maison au lieu de la bâtir,
il ne sauvera aucun de ses trésors.
aussi son bonheur ne durera pas.
la main de tous les misérables s’abattra sur lui.
quand Dieu déchaînera sur lui sa colère.
Elle pleuvra sur lui en guise de nourriture.
l’arc de bronze le transperce.
et dès que la pointe quitte son foie,
les terreurs sont sur lui.
un feu le dévore que nul n’attise,
le malheur frappe ce qui subsiste en sa tente.
et la terre se soulève contre lui.
comme des eaux qui s’écoulent au jour de la colère.
la part que Dieu a décrétée pour lui.
Chapitre 21 🔗
SEPTIÈME POÈME DE JOB
1Et Job prit la parole et dit :
Courage de la véracité
C’est ainsi que vous me consolerez.
Et quand j’aurai parlé, tu te moqueras.
Alors, pourquoi ne perdrais-je pas patience ?
et mettrez la main sur votre bouche.
et un frisson saisit ma chair :
Succès des scélérats
Vieillir, c’est pour eux accroître leur pouvoir.
et ils ont leurs rejetons sous leurs yeux.
La férule de Dieu les épargne.
leur vache met bas sans avorter.
et leur marmaille danser.
on se divertit au son de la flûte.
en un instant ils s’effondrent aux enfers.
connaître tes voies ne nous plaît pas.
Et que gagne-t-on à l’invoquer ? »
Pourquoi dire alors : Loin de moi, les intrigues des scélérats !
que leur ruine fond sur eux,
que Dieu leur assigne pour lot sa colère ?
comme bale qu’emporte la tempête ! »
Impunité des criminels
Qu’il pâtisse lui-même, il le sentira !
et qu’il s’abreuve à la fureur de Shaddaï !
une fois que le nombre de ses mois est tranché ?
lui qui juge le sang versé !
tout heureux et tranquille ;
la moelle de ses os est encore fraîche.
sans avoir goûté au bonheur.
et les vers les recouvrent.
et les idées que vous vous faites sur mon compte.
qu’est devenue la tente où gîtaient les bandits ? »
n’avez-vous pas su interpréter leur langage ?
Au jour des fureurs il est mis à l’abri.
et ce qu’il a fait, qui le lui paiera ?
et on veille sur son tertre.
et derrière lui toute la population défile.
L’assistance est innombrable.
De vos réponses, il ne reste que fausseté.
Chapitre 22 🔗
TROISIÈME POÈME D’ÉLIFAZ
1Alors Elifaz de Témân prit la parole et dit :
Impassibilité de Dieu
alors que le sage n’est utile qu’à lui-même ?
que gagne-t-il si tu réformes ta conduite ?
qu’il ira avec toi en justice ?
Crimes de Job
il n’y a pas de limites à tes crimes.
tu les dépouillais de leurs vêtements jusqu’à les mettre nus.
à l’affamé tu refusais le pain.
et le favori s’y installait.
et les bras des orphelins étaient broyés.
que te trouble une terreur soudaine.
et une masse d’eau te submerge.
Scepticisme de Job
Vois la voûte étoilée, comme elle est haute.
Peut-il juger à travers la nuée sombre ?
il ne parcourt que le pourtour des cieux. »
celle que foulèrent les hommes pervers ?
leurs fondations, c’est un fleuve qui s’écoule.
Car, que pouvait leur faire Shaddaï ?
– loin de moi, les intrigues des scélérats !
l’homme honnête se moquera d’eux :
le feu a dévoré leurs profits ! »
Fruits de la réconciliation
Ainsi le bonheur te sera rendu.
et fixe ses sentences en ta conscience.
si tu éloignes la perfidie de ta tente.
et aux cailloux du torrent l’or d’Ofir.
et de monceaux d’argent.
et tu élèveras vers Dieu ton visage.
et tu n’auras plus qu’à t’acquitter de tes vœux.
et sur ta route brillera la lumière.
Car il sauve l’homme aux yeux baissés.
oui, celui-ci sera délivré par la pureté de tes mains.
Chapitre 23 🔗
HUITIÈME POÈME DE JOB
1Alors Job prit la parole et dit :
Absence de Dieu
quand ma main pèse sur mon gémissement.
j’arriverais jusqu’à sa demeure.
j’aurais la bouche pleine d’arguments.
et je comprendrais ce qu’il a à me dire.
Non ! Lui au moins me prêterait attention.
et j’échapperais pour toujours à mon juge.
à l’occident, je ne l’aperçois pas.
se cache-t-il au midi, je ne l’y vois pas.
Présence de Dieu
s’il m’éprouve, j’en sortirai pur comme l’or.
j’ai gardé sa voie et n’ai pas dévié,
J’ai prisé ses décrets plus que mes principes.
Son bon plaisir, c’est chose faite.
comme tant d’autres qu’il garde en instance.
Plus je réfléchis, plus j’ai peur de lui.
Shaddaï m’a bouleversé,
mais il ne m’a pas épargné l’obscurité qui vient.
Chapitre 24 🔗
Injustice de la société
et pourquoi ses fidèles ne voient-ils pas ses jours ?
on fait paître des troupeaux volés,
c’est le bœuf de la veuve qu’on retient en gage.
tous les pauvres du pays n’ont plus qu’à se cacher.
ils partent au travail dès l’aube, en quête de pâture.
Et c’est la steppe qui doit nourrir leurs petits.
et ils grappillent la vigne du méchant.
ils n’ont pas de couverture quand il fait froid.
faute d’abri, ils étreignent le rocher.
du pauvre on exige des gages.
et aux affamés on fait porter des gerbes.
et ceux qui foulent au pressoir ont soif.
Inutilité de la prière
le râle des blessés hurle,
et Dieu reste sourd à ces infamies !
ils en ont méconnu les voies,
ils n’en ont pas fréquenté les sentiers.
il assassine le pauvre et l’indigent,
et la nuit, il agit en voleur.
« Nul œil ne me verra », dit-il
et il se met un masque.
De jour, on se tient claquemuré
sans connaître la lumière.
Mais le pillard est habitué aux épouvantes de l’ombre de mort.
son domaine est maudit par les gens du pays.
Mais lui ne prend pas le chemin des vignes.
Dogme et réalité
Ainsi, dit-on, les enfers engloutissent celui qui a péché.
on ne se souvient plus de lui.
La perfidie a été brisée comme un arbre. »
mais il ne donne pas la joie à la veuve.
se dresse, et notre homme ne compte plus sur la vie.
tandis que ses yeux surveillent la conduite des autres.
Ils se sont effondrés comme tous ceux qui sont moissonnés,
ils seront coupés comme une tête d’épi.
qui réduira mon discours à néant ?
Chapitre 25 🔗
TROISIÈME POÈME DE BILDAD
1Alors Bildad de Shouah prit la parole et dit :
La souveraineté de Dieu
lui qui fait la paix dans ses hauteurs.
Sur qui sa lumière ne se lève-t-elle pas ?
comment jouerait-il au pur, celui qui est né de la femme ?
et si les étoiles ne sont pas pures à ses yeux,
du fils d’Adam, cette larve !
Chapitre 26 🔗
NEUVIÈME POÈME DE JOB
1Alors Job prit la parole et dit :
Réplique à Bildad
et secours le bras sans vigueur !
et dispenses le savoir-faire !
de qui vient cette inspiration qui émane de toi ?
Transcendance de Dieu
tremblent les trépassés.
et le gouffre n’a point de voile.
qui suspend la terre sur le néant,
sans que la nuée crève sous elles,
en étendant sur lui sa nuée.
aux confins de la lumière et des ténèbres.
épouvantées, à sa menace.
par son intelligence, il a brisé le Typhon.
sa main a transpercé le Serpent fuyard.
le faible écho que nous en percevons,
qui donc comprendrait le tonnerre de ses exploits ?
Chapitre 27 🔗
DIXIÈME POÈME DE JOB
1Alors Job continua de prononcer son poème et dit :
Serment d’innocence
par Shaddaï qui m’a aigri le cœur,
et que le souffle de Dieu sera dans mes narines,
et que ma langue ne méditera rien de fourbe.
Jusqu’à ce que j’expire, je maintiendrai mon innocence.
Ma conscience ne me reproche aucun de mes jours.
de mon adversaire comme du malfaiteur !
alors que Dieu va le dépouiller de la vie ?
quand la détresse le surprendra ?
il aurait invoqué Dieu à tout moment. »
La thèse conformiste
je ne cacherai pas la pensée de Shaddaï.
pourquoi vous être évanouis en vanité ?
la part qu’un tyran recevra de Shaddaï :
et ses descendants manqueront de pain.
sans que ses veuves puissent les pleurer.
s’il entasse les vêtements comme de la glaise,
quant à l’argent, c’est l’homme honnête qui le touchera.
comme la hutte qu’élève un guetteur.
il ouvre les yeux : plus rien.
En une nuit, un tourbillon l’enlève.
le vent l’arrache de chez lui.
et il s’efforce de fuir la main de l’archer.
de sa propre demeure on le siffle. »
Chapitre 28 🔗
ÉLOGE DE LA SAGESSE
Inaccessible aux spécialistes
et où affiner l’or, il n’en manque pas.
et le roc se coule en cuivre.
et l’on fouille jusqu’au tréfonds
la pierre obscure dans l’ombre de mort.
là , inaccessible aux passants,
on oscille, suspendu loin des humains.
fut ravagée en ses entrailles comme par un feu.
et là se trouve la poussière d’or.
et l’œil du vautour ne l’a pas repéré.
ni le lion ne l’a frayé.
on a ravagé les montagnes par la racine.
et tout ce qui est précieux, l’œil de l’homme l’a vu.
et amené au jour ce qui était caché.
Inaccessible à l’Abîme
Où réside l’intelligence ?
et elle ne se trouve pas au pays des vivants.
Et l’Océan : « Elle ne se trouve pas chez moi. »
elle ne s’achète pas au poids de l’argent.
ni l’onyx précieux, ni le saphir.
on ne peut l’avoir pour un vase d’or fin.
Et mieux vaudrait pêcher la sagesse que les perles.
Même l’or pur ne la vaut pas.
Accessible au Créateur
où réside l’intelligence ?
elle se dérobe aux oiseaux du ciel.
« Nos oreilles ont eu vent de sa renommée. »
il a su, lui, où elle réside.
et qu’il inspectait tout sous les cieux
et fixer la mesure des eaux.
et frayait une voie à la nuée qui tonne,
il l’a discernée et même scrutée.
« La crainte du Seigneur, voilà la sagesse.
S’écarter du mal, c’est l’intelligence ! »
Chapitre 29 🔗
ONZIÈME POÈME DE JOB
1Alors Job continua de prononcer son poème et dit :
Le bonheur d’antan
ces jours où Dieu veillait sur moi,
et dans la nuit j’avançais à sa clarté ;
quand l’amitié de Dieu reposait sur ma tente,
et que mes garçons m’entouraient,
et le roc versait pour moi des flots d’huile.
si j’installais mon siège sur la place,
les vieillards se levaient et restaient debout.
et mettaient la main sur leur bouche.
leur langue se collait au palais.
l’œil qui me voyait me rendait témoignage.
et l’orphelin sans secours.
et je rendais la joie au cœur de la veuve.
Mon droit me servait de manteau et de turban.
et les pieds de l’impotent, c’était moi.
la cause d’un inconnu, je la disséquais.
et de ses dents, je faisais tomber sa proie.
comme le phénix je multiplierai mes jours.
la rosée passe la nuit sur ma ramure.
et dans ma main mon arc rajeunira. »
On accueillait en silence mes avis.
sur eux goutte à goutte tombaient mes paroles.
Leur bouche s’ouvrait comme à l’ondée tardive.
et recueillaient avidement tout signe de ma faveur.
campé, tel un roi, parmi ses troupes,
comme il console des affligés.
Chapitre 30 🔗
La misère d’aujourd’hui
de plus jeunes que moi,
dont j’eusse dédaigné de mettre les pères
parmi les chiens de mon troupeau.
Toute leur vigueur avait péri.
ils rongeaient la steppe,
lugubre et vaste solitude.
ils ont pour pain la racine des genêts.
qui les hue comme des voleurs,
dans les antres de la terre et les cavernes.
et s’entassent sous les ronces,
chassés du pays à coups de bâton.
me voici devenu leur fable.
Sans se gêner, ils me crachent au visage.
ils perdent toute retenue en ma présence.
ils me font lâcher pied,
ils se fraient un accès jusqu’à moi pour me perdre.
et s’affairent à ma ruine,
sans qu’ils aient besoin d’aide.
ils se bousculent sous les décombres.
En coup de vent, elle chasse mon assurance.
Mon bien-être a disparu comme un nuage.
les jours de peine m’étreignent.
et mes nerfs n’ont pas de répit.
comme le col de ma tunique il m’enserre.
Me voilà devenu poussière et cendre.
Je me tiens devant toi, et ton regard me transperce.
et de ta poigne tu me brimes.
et me fais fondre sous l’orage.
le rendez-vous de tous les vivants.
même si ses fléaux leur arrachent des cris.
Mon cœur ne s’est-il pas serré à la vue du pauvre ?
Je m’attendais à la lumière... l’ombre est venue.
des jours de peine sont venus vers moi.
En pleine assemblée, je me dresse et je hurle.
et dans la confrérie des effraies.
mes os brûlent et se dessèchent.
et ma flûte à la voix des pleureurs.
Chapitre 31 🔗
Protestation d’innocence
ne pas fixer le regard sur une vierge.
quelle part Shaddaï fixe-t-il depuis les cieux ?
l’adversité pour les malfaiteurs ?
Ne tient-il pas le compte de tous mes pas ?
mon pied s’est-il hâté vers la fraude ?
et Dieu reconnaîtra mon intégrité.
si mon cœur a suivi mes yeux,
si une souillure imprègne mes mains,
mes rejetons, qu’on les déracine !
si j’ai fait le guet à la porte du voisin,
et que sur elle d’autres se couchent,
un forfait que punit mon juge.
ruinant tout mon fruit jusqu’à la racine.
dans leurs litiges avec moi,
Quand il enquêtera, que lui répondre ?
C’est le même Dieu qui nous a formés dans le sein.
laissais-je languir les yeux de la veuve ?
sans que l’orphelin en ait eu sa part,
et qu’à peine sorti du ventre de ma mère je fus le guide de la veuve ?
un indigent n’ayant pas de quoi se couvrir,
et qu’il fût réchauffé par la toison de mes brebis ?
me sachant soutenu au tribunal,
et que mon bras se rompe au coude.
je ne pouvais rien devant sa majesté.
si j’ai dit au métal fin : « Tu es ma sécurité »,
de ce que mes mains avaient beaucoup gagné,
et la lune s’avancer radieuse,
et si ma main s’est portée à ma bouche pour un baiser,
car j’aurais renié le Dieu d’en haut.
ai-je tressailli de joie quand le malheur l’a frappé ?
en le vouant à la mort par une imprécation !
« Qui n’a-t-il pas rassasié de viande ? »
j’ouvrais mes portes au voyageur.
caché dans mon sein ma faute ?
et que le mépris des familles m’eût terrorisé,
réduit à me taire et à ne plus franchir ma porte...
Le dernier défi
Voilà mon dernier mot. A Shaddaï de me répondre !
Quant au réquisitoire écrit par mon adversaire,
je m’en parerai comme d’une couronne.
je lui ferai un accueil princier !
si ses sillons ont fondu en larmes,
ayant fait rendre l’âme à son maître,
et au lieu d’orge l’herbe puante.
Ici finissent les paroles de Job.
Chapitre 32 🔗
LA HARANGUE D’ÉLIHOU
1Alors ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, puisqu’il s’estimait juste. 2. Mais Elihou se mit en colère. Il était fils de Barakéel le Bouzite, du clan de Ram. Il se mit en colère contre Job parce que celui-ci se prétendait plus juste que Dieu. 3. Il se mit en colère aussi contre ses trois amis parce qu’ils n’avaient plus trouvé de réponse et avaient ainsi reconnu Dieu coupable. 4. Or Elihou s’était retenu de parler à Job parce que les autres étaient plus âgés que lui. 5. Mais quand Elihou vit que ces trois hommes n’avaient plus de réponse à la bouche, il se mit en colère.
PREMIER DISCOURS D’ÉLIHOU
6Alors Elihou, fils de Barakéel le Bouzite, prit la parole et dit :
Sagesse et jeunesse
et vous, des vieux.
Aussi craignais-je et redoutais-je
de vous exposer mon savoir.
le nombre des années enseignera la sagesse. »
l’inspiration de Shaddaï, qui rend intelligent.
et les vieillards ne discernent pas le droit.
et je t’exposerai mon savoir, moi aussi. »
je prêtais l’oreille à vos raisonnements,
à votre critique de ses propos.
mais aucun de vous n’a répondu à Job,
aucun de vous n’a réfuté ses dires.
Dieu seul peut triompher de lui, non un homme. »
et ce n’est pas avec vos déclarations que je lui répondrai.
ils ont la parole coupée.
car ils ont cessé de donner la réplique.
j’exposerai mon savoir, moi aussi.
et le souffle de mon ventre me presse.
comme des outres neuves qui vont éclater !
J’ouvrirai les lèvres et je répliquerai.
et de flatter qui que ce soit.
sinon celui qui m’a fait m’aurait vite anéanti.
Chapitre 33 🔗
L’intercesseur
prête l’oreille à toutes mes paroles.
que ma langue parle en mon palais.
et mes lèvres diront la vérité pure.
l’inspiration de Shaddaï qui me fait vivre.
argumente contre moi, prends position !
j’ai été pétri d’argile, moi aussi !
et mon autorité n’a pas à t’accabler.
et j’entends encore le son des paroles :
Je suis net, moi, exempt de faute.
il me traite en ennemi.
et il épie toutes mes traces ! »
Car Dieu est bien plus que l’homme.
à lui qui ne rend compte d’aucun de ses actes ?
et puis d’une autre, mais l’on n’y prend pas garde :
lorsqu’une torpeur accable les humains,
endormis sur leur couche.
et y scelle les avertissements qu’il leur adresse,
d’éviter l’orgueil au héros.
et l’empêche d’offrir sa vie au javelot.
et la lutte n’a de cesse dans ses os.
il n’a plus d’appétit pour la bonne chère.
ses os qu’on ne voyait pas deviennent saillants.
et sa vie est livrée aux exterminateurs.
un interprète entre mille
pour faire connaître à l’homme son devoir,
« Exempte-le de descendre dans la fosse,
j’ai découvert une rançon ! »
il revient aux jours de son adolescence,
criant de joie il voit la face
de celui qui rend à l’homme sa justice ;
« J’avais péché, j’avais violé le droit,
mais lui ne s’est pas conduit comme moi.
et ma vie contemplera la lumière ! »
deux fois, trois fois pour l’homme,
pour l’illuminer de la lumière des vivants.
tais-toi, c’est moi qui parlerai.
parle, car je voudrais te trouver juste ;
Tais-toi, je vais t’apprendre la sagesse.
Chapitre 34 🔗
DEUXIÈME DISCOURS D’ÉLIHOU
1Alors Elihou reprit et dit :
Les erreurs de Job
et vous, savants, prêtez-moi l’oreille.
comme au palais de goûter les mets.
reconnaissons donc entre nous ce qui est bien.
mais Dieu me dénie justice ;
Une flèche m’a blessé à mort, sans que j’aie péché » ?
Il boit le sarcasme comme de l’eau.
et fait route avec les méchants.
à se plaire en Dieu » ?
La justice de Shaddaï
Dieu serait-il méchant,
Shaddaï, perfide ? – Pensée abominable !
et traite chacun selon sa conduite.
Shaddaï ne viole pas le droit.
est-ce quelqu’un d’autre qui l’a chargé du monde entier ?
s’il concentrait en lui son souffle et son haleine,
et l’homme retournerait en poussière.
prête l’oreille au son de mes discours.
Oses-tu condamner le Juste, le Très-Noble ?
La puissance du Juste
Traite-t-on les grands de criminels ?
et ne fait pas plus de cas du richard que du pauvre,
car tous sont l’œuvre de ses mains.
le peuple s’agite et ils disparaissent,
on écarte un potentat sans qu’une main se lève.
il observe tous ses pas.
ne peuvent dissimuler les malfaiteurs.
pour que celui-ci comparaisse devant lui en jugement.
et en met d’autres à leur place.
en une nuit il les renverse, les voilà écrasés.
qu’ils ont ignoré tous ses chemins,
et le cri des opprimés, lui l’entend.
s’il cache sa face, qui le percera à nu ?
Il veille pourtant sur les nations comme sur les hommes,
ni que l’on tende des pièges au peuple.
La révolte de Job
« J’ai expié, je ne ferai plus le mal.
si j’ai agi en pervers, je ne récidiverai pas. »
Ainsi en as-tu décidé, toi, mais pas moi.
Dis quand même ce que tu en sais.
comme tout homme sage qui m’écoute :
il discourt sans rime ni raison. »
sur ses propos dignes d’un mécréant ;
il sème le doute parmi nous
et accumule ses remontrances contre Dieu.
Chapitre 35 🔗
TROISIÈME DISCOURS D’ÉLIHOU
1Alors Elihou reprit et dit :
L’impassibilité de Dieu
quand tu dis : « Je suis plus juste que Dieu » ?
et quel profit pour moi à ne pas pécher ? »
toi et tes amis du même coup.
contemple les nues, comme elles te dominent !
Multiplie tes révoltes, que lui fais-tu ?
reçoit-il de toi quelque chose ?
ta justice ne profite qu’à des hommes.
Les chants dans la nuit
on crie sous la poigne des grands.
Lui qui inspire des chants dans la nuit,
et nous rend plus sages que les oiseaux du ciel. »
à cause de l’orgueil des méchants.
que Shaddaï ne perçoit pas.
que ta cause lui est soumise et que tu es là à l’attendre.
et s’il ignore cette débauche de paroles,
et accumule des discours insensés.
Chapitre 36 🔗
QUATRIÈME DISCOURS D’ÉLIHOU
1Puis Elihou continua et dit :
L’éducation divine
Il y a d’autres choses à dire en faveur de Dieu.
pour justifier celui qui m’a fait.
et c’est un homme au savoir sûr qui est près de toi.
il est Très-Noble par la fermeté de ses décisions.
mais fait justice aux opprimés.
Sont-ils avec les rois sur le trône
où il les a établis pour toujours ? Eux s’en grisent.
s’ils sont pris dans les liens de l’oppression,
et leurs révoltes quand ils jouaient au héros.
et leur a dit de se détourner du désordre.
ils achèveront leurs jours dans le bonheur
et leurs années dans les délices.
et expireront sans s’en rendre compte.
eux n’implorent pas, lorsqu’il les enchaîne.
et leur vie s’achève parmi les prostitués.
et par la détresse il lui ouvre l’oreille.
Appel à la célébration
aux grands espaces où rien ne gêne,
et la table qu’on t’y servira sera chargée de mets savoureux.
verdict et jugement l’emporteront.
Tu peux en soudoyer beaucoup ? Ne te fourvoie pas !
ni toutes les ressources de la force.
où les peuples seront déracinés.
que tu préférerais à l’oppression.
quel maître enseignerait mieux ?
quelqu’un lui dit-il : « Tu commets le mal » ?
que chantent les hommes.
de loin le mortel la distingue.
Le Seigneur de l’automne
Le nombre de ses ans est incalculable.
puis les filtre en pluie pour son déluge
et répandent sur la foule des hommes.
et le tonnerre de sa voûte ?
et il a submergé les fondations de l’Océan.
et donne la nourriture en abondance.
et à celle-ci il a assigné une cible.
les troupeaux même pressentent son approche.
Chapitre 37 🔗
Le Seigneur de l’hiver
et bondit hors de sa place.
et le grondement qui sort de sa bouche.
et sa foudre frappe les extrémités de la terre.
sa majesté tonne à pleine voix,
et il ne retient plus les éclairs
dès que sa voix s’est fait entendre.
il en fait de grandioses qui nous échappent.
quand il déclenche les averses,
les averses torrentielles,
pour que les hommes qu’il a faits prennent conscience de ses actes.
et se tapit dans son gîte.
et de la bise vient le gel.
et les étendues d’eau se prennent.
et disperse les nuées chargées d’éclairs.
pour qu’elles accomplissent, selon ses desseins,
tout ce qu’il leur commande sur tout l’univers.
ou de la bénir, c’est eux qu’il délègue.
Le Seigneur de l’été
arrête-toi et considère les miracles de Dieu.
Sais-tu quand il fait briller la foudre dans sa nuée ?
merveilles d’un savoir sûr ?
quand la terre s’alanguit sous le vent du midi,
solides comme un miroir de métal ?
– Mais nous ne pourrons argumenter à cause des ténèbres.
Faut-il le lui dire pour qu’il en soit informé ?
elle est obscurcie par les nues,
puis un vent a soufflé et les a balayées.
autour de Dieu, une effrayante splendeur.
suprême en force et en équité,
il n’opprime pas celui en qui la justice abonde.
mais lui ne tient pas compte de ceux qui se croient sages.
Chapitre 38 🔗
LES DÉFIS DU SEIGNEUR
PREMIER DÉFI DU SEIGNEUR
1Le Seigneur répondit alors à Job du sein de l’ouragan et dit :
Le souverain de la terre
par des discours insensés ?
je vais t’interroger et tu m’instruiras.
Dis-le-moi puisque tu es si savant.
Ou qui tendit sur elle le cordeau ?
et qui donc posa sa pierre d’angle
et tous les Fils de Dieu crièrent hourra ?
Le souverain de la mer
quand il jaillissait du sein maternel,
et le langeais de nuées sombres.
j’ai verrouillé les deux battants
là s’arrêtera l’insolence de tes flots ! »
et assigné à l’aurore son poste,
et en secoue les méchants ?
et tout surgit, chamarré.
et le bras qui s’élevait est brisé.
as-tu circulé au fin fond de l’abîme ?
As-tu vu les portes de l’ombre de mort ?
Décris-la, toi qui la connais tout entière.
Le souverain de la tempête
et les ténèbres, où donc logent-elles,
et connaisses les accès de leur demeure ?
et que le nombre de tes jours est si grand !
et les réserves de grêle, les as-tu vues,
pour le jour de lutte et de bataille ?
par où le sirocco envahit-il la terre ?
et frayé la voie à la nuée qui tonne,
sur un désert où il n’y a personne,
en faire germer et pousser la verdure ?
Qui engendre les gouttes de rosée ?
Qui enfante le givre des cieux ?
et la surface de l’abîme se prend.
Le souverain de l’automne
ou desserrer les cordes d’Orion,
conduire l’Ourse avec ses petits ?
fais-tu observer leur charte sur terre ?
pour qu’une masse d’eau t’inonde ?
en te disant : Nous voici ?
donné au coq l’intelligence ?
et incline les outres des cieux
et que prennent les mottes ?
Le souverain des animaux
et qui assouvis la voracité des lionceaux,
ou s’embusquent dans les fourrés ?
quand ses petits crient vers Dieu
et titubent d’inanition ?
Chapitre 39 🔗
As-tu observé les biches en travail,
et su l’heure de leur délivrance ?
et sont quittes de leurs douleurs.
ils partent et ne leur reviennent plus.
qui délia les liens de l’onagre
la terre salée pour demeure ?
et n’entend jamais l’ânier vociférer.
en quête de la moindre verdure.
passera-t-il ses nuits à ton étable ?
hersera-t-il derrière toi les vallons ?
et que tu lui abandonneras ta besogne ?
pour engranger ta récolte ?
mais que n’a-t-elle les pennes de la cigogne et ses plumes ?
et les laisse chauffer sur la poussière,
une bête sauvage les piétiner.
elle ne s’inquiète pas d’avoir peiné en pure perte.
et ne lui a pas départi l’intelligence.
elle se rit du cheval et du cavalier.
qui revêts son cou d’une crinière,
Son fier hennissement est terreur.
et s’élance au-devant des armes.
il ne recule pas devant l’épée.
la lance étincelante et le javelot.
il ne se tient plus dès que sonne la trompette.
De loin, il flaire la bataille,
tonnerre des chefs et cri de guerre.
et qu’il déploie ses ailes vers le sud ?
et bâtit son aire sur les sommets ?
sur une dent de roc inexpugnable.
il plonge au loin son regard.
là où il y a charnier, il y est.
Chapitre 40 🔗
L’apostrophe du Seigneur
1Le Seigneur apostropha alors Job et dit :
Celui qui ergote avec Dieu voudrait-il répondre ?
PREMIÈRE RÉPONSE DE JOB
La main sur la bouche
3Job répondit alors au Seigneur et dit :
Je mets la main sur ma bouche.
deux fois, je n’ajouterai rien.
SECOND DÉFI DU SEIGNEUR
6Le Seigneur répondit alors à Job du sein de l’ouragan et dit :
La condamnation de Dieu
Je vais t’interroger et tu m’instruiras.
me condamner pour te justifier ?
ta voix est-elle un tonnerre comme le sien ?
revêts-toi de splendeur et d’éclat !
et d’un regard abaisse tous les hautains.
écrase sur place les méchants.
bâillonne-les dans les oubliettes.
car ta droite t’aura valu la victoire.
Le Bestial
Il mange de l’herbe, comme le bœuf.
et cette vigueur dans les muscles de son ventre !
ses cuisses sont tressées de tendons.
ses côtes du fer forgé.
mais son auteur le menaça du glaive.
et autour de lui se jouent les bêtes des champs.
sous le couvert des roseaux et des marais.
les peupliers de la rivière l’entourent.
Un Jourdain lui jaillirait à la gueule sans qu’il bronche.
l’entravera et lui percera le naseau.
Le Tortueux
et de ta ligne le ferrer à la langue ?
perceras-tu d’un croc sa mâchoire ?
te dira-t-il des tendresses ?
le prendras-tu pour esclave à vie ?
le tiendras-tu en laisse pour tes filles ?
Le débitera-t-on entre marchands ?
puis sa tête de harpons ?
au souvenir de la lutte, tu ne recommenceras plus !
Chapitre 41 🔗
sa vue seule suffit à terrasser.
Qui donc alors oserait me tenir tête ?
Tout ce qui est sous les cieux est à moi !
le détail de ses exploits, la beauté de sa structure.
qui a franchi sa double denture ?
Autour de ses crocs, c’est la terreur !
bien clos, scellés, pressés !
et un souffle ne s’y glisserait pas.
ils s’agrippent, inséparables.
ses yeux sont comme les pupilles de l’aurore.
des étincelles de feu s’en échappent.
comme d’une marmite bouillante ou d’un chaudron.
de sa gueule sortent des flammes.
devant lui bondit l’épouvante.
ils ont durci sur lui, inébranlables.
il a durci comme la meule de dessous.
la panique les débande.
Lance, javeline, flèche...
et le bronze pour du bois pourri.
pour lui, les pierres de fronde se changent en paille.
et il se rit du sifflement des sagaies.
comme une herse, il se traîne sur la vase.
il change la mer en brûle-parfums.
l’abîme a comme une toison blanche.
Il a été fait intrépide.
il est roi sur tous les fauves.
Chapitre 42 🔗
SECONDE RÉPONSE DE JOB
1Job répondit alors au Seigneur et dit :
Vision et confession
et qu’aucun projet n’échappe à tes prises.
sans y rien connaître ? »
Eh oui ! j’ai abordé, sans le savoir,
des mystères qui me confondent.
je vais t’interroger et tu m’instruiras. »
maintenant, mes yeux t’ont vu.
sur la poussière et sur la cendre.
ÉPILOGUE EN PROSE
Jugement des amis
7Or, après qu’il eut adressé ces paroles à Job, le Seigneur dit à Elifaz de Témân : « Ma colère flambe contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n’avez pas parlé de moi avec droiture comme l’a fait mon serviteur Job.
8« Maintenant prenez pour vous sept taureaux et sept béliers, allez trouver mon serviteur Job, et offrez-les pour vous en holocauste tandis que mon serviteur Job intercédera pour vous. Ce n’est que par égard pour lui que je ne vous traiterai pas selon votre folie, vous qui n’avez pas parlé de moi avec droiture comme l’a fait mon serviteur Job. » 9. Elifaz de Témân, Bildad de Shouah et Çofar de Naama s’en furent exécuter l’ordre du Seigneur, et le Seigneur eut égard à Job.
Restauration de Job
10Et le Seigneur rétablit les affaires de Job tandis qu’il était en intercession pour son prochain. Et même, le Seigneur porta au double tous les biens de Job.
11Ses frères, ses sœurs et ses connaissances d’autrefois vinrent tous alors le visiter. Ils mangèrent le pain avec lui dans sa maison. Ils le plaignirent et le consolèrent de tout le malheur que lui avait envoyé le Seigneur. Et chacun lui fit cadeau d’une pièce d’argent et d’un anneau d’or.
12Le Seigneur bénit les nouvelles années de Job plus encore que les premières. Il eut quatorze mille moutons et six mille chameaux, mille paires de bœufs et mille ânesses. 13. Il eut aussi sept fils et trois filles. 14. La première, il la nomma Tourterelle, la deuxième eut nom Fleur-de-Cannelle et la troisième Ombre-à -paupière. 15. On ne trouvait pas dans tout le pays d’aussi belles femmes que les filles de Job, et leur père leur donna une part d’héritage avec leurs frères.
16Job vécut encore après cela cent quarante ans, et il vit ses fils et les fils de ses fils jusqu’à la quatrième génération. 17. Puis Job mourut vieux et rassasié de jours.