Préface d’un Hurlu.
Voici un roman, c’est plutôt rare aux Hurlus, qui plus est traduit de l’Allemand. Je me suis permis cette entorse parce qu’il parle de Droits, de Justice, mais pas encore d’Égalité. L’histoire de Michel Kohlhaas a lieu en territoire Germanique. Elle se déroule à une époque de montée en puissance de la Bourgeoisie. En effet, à ce moment de bascule, celle-ci tient à se montrer moralement exemplaire pour asseoir sa légitimité. Il va sans dire, qu’à l’exception de quelques-uns, la vieille aristocratie est corrompue, vénale et de ce fait à punir et pas encore à abattre.
Dès la dixième ligne : le décor et l’intrigue est posée
Il partit un jour de chez lui avec une troupe de chevaux, tous beaux, gras et bien nourris. En cheminant, il calculait le profit qu’il comptait retirer de son marché, et l’usage qu’il en ferait ; une barrière, placée au travers de la route, et qu’il n’avait encore jamais vue, vint le tirer de ses méditations. C’était en face d’un château seigneurial de la juridiction saxonne.
Il fut obligé de s’arrêter, quoique la pluie tombât à torrent, et il appela le gardien, qui montra bientôt à la fenêtre un visage rébarbatif.
Le marchand le pria de vouloir bien venir lui ouvrir.
« Qu’y a-t-il de nouveau ici ? » demanda-t-il au gardien, qui sortit de la maison après un assez long délai.
— Privilège seigneurial du gentilhomme Wenzel de Tronka, répondit le douanier en ouvrant la barrière.
— Quoi ! dit Kohlhaas ; et il regardait tourner la clef dans la serrure toute neuve.
Ce livre est inspiré de faits réels — Hans Kohlhase — cependant, sa fin est pour le moins, caricaturale, mais là n’est pas l’intérêt qu’il peut susciter.
Le but de cette publication est de provoquer la réflexion autour des notions de Justice et des Droits mais également d’Égalité, finalement les piliers maîtres de la République. Celles-ci sont trop souvent fantasmées et invoquées plutôt qu’étudiées.
Ce texte est à mettre en perspective avec Les idées politiques de Maurras et Vers la révision (du procès de Dreyfus) de Clémenceau tous deux en passe d’être publiés aux Hurlus.